Qui es-tu ?
Nicolas, hominidé omnivore (pas trop carnivore), amateur de Nature sous toutes ses formes, mais la Montagne, non défigurée par les stations de sports d’hiver, a ma préférence. Avant tout skieur de randonnée et alpiniste, je pratique peu la randonnée pédestre estivale car je n’aime pas les descentes qui me causent notamment de fortes douleurs aux pieds.
Le Vélo Tout Terrain (VTT) ou plutôt, Vélo de Montagne (VdM), me permet de continuer à profiter de ces grands espaces pendant la saison chaude, lorsque la neige a fondu. Le vélo apporte une dimension ludique justement, lors des descentes qui me font souffrir à pied. Il a donc pris une part de plus en plus importante de mes loisirs, d’autant plus que le réchauffement climatique et ma localisation géographique dans les Bouches du Rhône me privent de plus-en-plus de ma passion pour le ski de randonnée.
La bicyclette est à mon sens, une des plus belles inventions de l’Humanité pour le transport (avec le ski pour se déplacer sur la neige): pratique, rapide, utilitaire, écologique, économique, bonne pour la santé… mais aussi « fun », grisante, source d’adrénaline et de sensations fortes… Impossible de lister tous les avantages de ce moyen de transport! Je me déplace rarement sans un vélo, quasi quotidiennement.
Quelle est ta pratique, ton terrain de jeu ?
Ma pratique consiste principalement en des randonnées à la journée sur tous types de terrains, mais si le temps manque ou si la fenêtre météo est courte, je m’offre un rapide tour via des sentiers techniques non loin de chez moi, pour « garder la main » ou tenter de « valider » des passages non réussis jusque-là. Cela me permet aussi d’entretenir ces sentiers: calage de pierres dans les zones ravinées, débroussaillage ponctuel…
J’aime passer du temps en montagne ou dans la colline, gravir plusieurs sommets ou cols pour voir de beaux panoramas mais également cumuler un maximum de dénivelé et donc de descentes, de sentiers, à mon rythme, sans aide motorisée, loin de l’agitation des villes. Éviter au maximum les routes et les chemins larges pour privilégier les sentiers plus étroits et adaptés aux 2 roues ou bipèdes. Pousser ou porter le vélo lorsque la pente devient trop forte.
Depuis quelques années, j’ai aussi découvert l’itinérance à VTT, sur plusieurs jours, en autonomie complète ou semi-complète en favorisant l’utilisation des transports en commun. Ce genre de voyages permet une bonne coupure de nos sociétés trop aseptisées. Un bon retour aux sources!
Aux descentes faciles et rapides, parfois cassantes, je préfère les franchissements techniques à faible vitesse où il faut placer sa roue à un endroit précis. Réussir à passer proprement, sur le vélo, sans poser pied, une zone technique et/ou physique, en montée ou en descente est générateur d’une grande satisfaction! Adhérent MBF (Mountain Bikers Foundation) et MWF (Mountain Wilderness France), je mets un point d’honneur à m’appliquer à « rouler propre »: suivre un sentier au plus juste, respecter le tracé et le revêtement d’un sentier, sans couper les épingles ni les arrondir en bloquant la roue arrière, grâce à la technique du pivot, limiter au maximum la glisse des roues sur terrain meuble pour ne pas creuser de rigole… Bref, la définition que je donne à l’expression « rouler propre ».
Depuis que je roule avec le petit noyau de « frappadingues » qui a poussé Yann à développer ces géométries typées montagne (Fatscal, Goonie, Yann lui-même…), ma pratique s’est encore radicalisée. Le point limitant ou bloquant lors d’un passage « chaud » n’est clairement plus le vélo, dont les capacités sont impressionnantes, mais bien le bonhomme et sa capacité à « débrancher le cerveau »!!! Une pratique régulière et des chutes (sans gravité!) me permettent de progresser rapidement.
Comment en es-tu venu au fat ?
J’ai commencé le VTT au début des années 1990 et j’ai rapidement voulu tester ces vélos à « gros » pneus (alors 26×1,90″ !!!) sur des sommets des Hautes-Alpes. De retour vers Marseille pour l’année scolaire, j’allais dans les collines alentour. Malheureusement, plus je roulais, plus ce terrain rocailleux du sud me faisait souffrir: articulations des poignets et des doigts douloureuses. Ces douleurs m’ont conduit à remiser le VTT pendant plusieurs années.
En 2005, bien que pas attiré par la complexité de ces vélos, je m’offre un tout suspendu que mes copains décrivent comme l’outil de ma réconciliation avec le VTT. Effectivement, c’est confortable et ça passe bien, y compris en montée où on gagne en adhérence! Je me relance donc dans le Vélo de Montagne. Mais toujours cette appréhension lors des passages techniques face à la pente (épingles notamment) avec un vélo haut perché qui s’enfonce de l’avant et lève du cul, comportement qui me vaudra une grosse entorse de la cheville suite à un stupide « soleil ».
En 2014, au cours d’une balade cyclotouriste dans les Baronnies je découvre au hasard d’une pause au magasin Cycl’outil, un beau vélo doté de gros pneus. Le sympathique tenant des lieux m’explique que c’est son unique vélo personnel et que c’est le top: peu d’entretien, il n’a pas trop de temps à consacrer à son vélo, pas de suspension à régler, ça passe partout, c’est joueur et confortable… Une rapide recherche sur internet me fait découvrir Salamandre, petit artisan français dont la présentation correspond exactement à mon état d’esprit.
Yann me répond rapidement puis tout s’enchaîne très vite: essai de deux vélos, prise de mesures, planification de la fabrication du cadre, et le 25 Avril 2015, GroSpat est là! Whaou! Ça y est! Au fait, pourquoi Grospat ? Une longue histoire de spatules (de ski) à la place du cerveau et ces grosses roues m’ont fait penser à ce subtil jeu de mots…
25 ans plus tard, je retrouve le VTT comme au tout début, avec un cadre et une fourche rigides, mais les gros pneus apportent le confort qui faisait tant défaut ! Mais surtout, je découvre rapidement les capacités hallucinantes de ce jouet, tant en montée qu’en descente! Une adhérence de fou! Il n’y a qu’à appuyer sur les pédales et prendre la bonne trajectoire! Ou pas, d’ailleurs: ça passe quand même si on vise malencontreusement le gros caillou à côté!!! Bref, le bonheur!
Pourquoi as-tu choisi ce type de géométrie ?
N’y connaissant pas grand-chose en géométries, j’ai laissé Yann plus ou moins décider pour moi. En roulant ensemble sur des terrains certes techniques mais peu pentus il a compris qu’un vélo vif et joueur me conviendrait. Sur ce point il avait vu juste. Mais dans les passages plus engagés, j’avais tendance à partir en bascule avant. Certes sans commune mesure avec mon ancien tout suspendu, mais il devait être possible de faire mieux.
Yann ayant adhéré sous l’impulsion de Pascal (Fatscal) à la pratique du VdM et exploré de nouvelles géométries, m’a dit un jour: « Il faut que je te refasse un cadre plus adapté à ta pratique! ». J’ai pu tester le fat de Guillaume, ayant la même morphologie et un cadre plus typé montagne. L’essai a été bluffant: sur le même passage avec bonne pente et marche assez haute, j’avais l’impression d’être sur le plat!
Octobre 2016, nouveau cadre soudé en un rien de temps, le lendemain, j’étais dessus (sans peinture), tout fou! Un peu trop même (3 chutes en 2 jours)! Mais la différence de ces quelques millimètres par-ci, par-là, le boîtier de pédalier plus bas, le poste de pilotage plus haut et plus couché font que je me retrouve merveilleusement stabilisé!!!
Autre effet bénéfique: dans les descentes rapides et cassantes, étant positionné plus sur l’arrière, il est facile de soulager l’avant pour « voler » au-dessus des cailloux et ne pas trop taper.
En montée, je ne suis pas du tout déboussolé: les modifications de géométrie modifient un peu le comportement mais on s’y fait rapidement. La roue avant se soulève plus facilement qu’avant pour franchir les marches sans non plus avoir un vélo qui cabre intempestivement.
Bref, GroSpat « v2 » est tout simplement le Vélo de Montagne parfait à mon sens!
Pourquoi as-tu choisi ce type de transmission ?
Ne m’imaginant pas rouler sur un vélo dépourvu de vitesses, j’ai choisi le moyeu Rohloff sur GroSpat 1. Trop de pattes de dérailleur cassées par le passé, j’ai été séduit par ce système robuste et extérieurement simple. En pratique, je trouvais ça très bien mais un peu lourd lors des portages.
Par curiosité j’ai voulu tester le dinglespeed, et j’ai mordu! Cette solution m’offre la simplicité et la vivacité du singlespeed tout en pouvant bénéficier, par un changement qui prend une dizaine de secondes sans outil, d’un rapport long, que j’utilise sur les secteurs roulants, et d’un rapport court que j’utilise en montagne, y compris dans les descentes techniques où la vitesse est faible.
Il est important de bien choisir les deux rapports en fonction de son usage J’ai testé un montage 24×28 – 32×20 lors d’une traversée de Courmayeur à Briançon en autonomie et c’était parfait! Mais j’essaierai bientôt un rapport plus proche de 1 pour la petite vitesse: 24×26 – 30×20, configuration utilisée et conseillée par Yann, qui permet de gagner quelques millimètres de garde-au-sol et sera aussi plus facile à tirer en grande vitesse sur les terrains vallonnés (ou les pistes, parfois inévitables).
Le commentaire de Yann :
Dans la famille des Salamandriens adeptes du vélo de montagne, Nico est l’un des plus assidus et l’un des piliers historiques. A son contact et à celui de Fatscal, j’ai moi-même orienté ma pratique en ce sens et rapidement ressenti le besoin de faire évoluer mes géométries. Les précédentes étaient très joueuses, typées BMX. J’ai vite saisi l’intérêt d’un vélo plus typé montagne : une roue avant placée plus en avant par une potence courte et une direction un peu plus couchée, des bases ultra courtes permettant de cabrer instantanément même à l’arrêt, un boîtier plus bas..
Le résultat escompté a été obtenu, peut être au-delà des espérances. Mais la bonne surprise a été que ces vélos, que j’imaginais exclusifs, sont très largement exploitables sur des terrains moins extrêmes pour qui aime jouer, trialiser, sauter… Attention, ça reste des vélos qui se pilotent et le randonneur tranquille aura intérêt à choisir une monture plus sage (pas de souci on ira rouler, je vous donnerai mon avis). J’ai testé des géométries encore plus extrêmes, réellement typées cette fois-ci. Pascal adore, je suis incapable de les exploiter…
Alors la recette d’un pur VdM selon Salamandre ? Déjà la géométrie décrite plus haut, de gros pneus résistants aux frottements et impacts des rochers (nos pneus ont rapidement une sale tête au niveau des flancs), une transmission singlespeed à rapport proche de 1:1 (pourquoi transporter du poids et des risques de casse ?), un blocage rapide de selle (pourquoi transporter le poids et les inconvénients d’une tige de selle télescopique quand on change de hauteur une seule fois dans la sortie) , de très bons freins puissants et endurants et… un interrupteur pour mettre le cerveau sur Off (le mien fonctionne malheureusement beaucoup moins bien que celui de Pascal).
Pour un usage plus polyvalent, le dinglespeed et la tige de selle télescopique permettent d’adapter le vélo à des conditions de terrain variables.
Le dinglespeed en deux mots : deux combinaisons plateau / pignon imposant la même longueur de chaine (somme des dentures plateau+pignon identique sur les deux lignes), un système de tension de chaine à pattes verticales (pattes coulissantes ou excentrique, pas de pattes horizontales), un blocage rapide de roue arrière pour libérer la tension de chaine pour un changement manuel (à l’arrêt évidemment) en quelques secondes.
Pour quels usages : VTT (rapport singlespeed moyen) / liaison (rapport long pour liaison routière), montagne (rapport un peu plus court que 1:1 pour les montées et passages techniques / rapport VTT moyen pour les terrains vallonnés), ou encore votre usage personnel.
Pour qui : pour ceux qui aiment la vivacité, la simplicité, la légèreté, quitte à parfois forcer ou mouliner un peu, et dont les sorties comportent deux grands types de terrain. Le dinglespeed n’est pas adapté aux sorties où les deux types de terrain se succèdent en permanence (montées raides / plat) sauf à avoir la forme pour passer les montées sur le rapport long (auquel cas le singlespeed suffit).Il faut que la zone nécessitant le changement de vitesse soit suffisamment longue pour justifier la manipulation.
La plupart des gens pensent que cette solution ne peut pas leur convenir. Mais nombreux sont ceux qui ont essayé et n’en sont pas revenus. Si on n’essaie pas, on ne saura pas…